Trudeau reconnaît qu’il y a de la frustration au Canada, mais promet de se battre
La participation du premier ministre Justin Trudeau à l’émission de fin de soirée américaine «The Late Show with Stephen Colbert» s’est amorcée avec quelques blagues d’usage sur le bacon et les Canadiens qui s’excusent souvent, lundi soir, mais elle a aussi donné lieu à des moments plus sérieux lors desquels l’animateur a interrogé M. Trudeau sur le vote de confiance prévu cette semaine à la Chambre des communes.
«Les gens souffrent. Les gens ont du mal à payer l’épicerie, à payer le loyer, à faire le plein», a reconnu M. Trudeau lors de son passage à l’émission diffusée lundi soir sur les ondes de CBS. L’entrevue a été enregistrée à New York, où le premier ministre passe quelques jours à l’occasion de la réunion de l’Assemblée générale des Nations unies.
M. Trudeau a admis qu’il y a de la frustration au sein de la population, parlant d’une période «vraiment difficile». Il a soutenu que la crise du logement «est un peu plus aiguë» au Canada qu’aux États-Unis. Et même s’il a noté que l’économie canadienne «macro» se porte mieux que celle de son voisin du sud, les gens ne le ressentent pas lorsqu’ils passent à la caisse.
Le premier ministre a néanmoins fait valoir qu’il est important d’aller de l’avant avec les garderies à 10 $ par jour, les soins dentaires et l’assurance-médicaments, afin que les médicaments contre le diabète et les contraceptifs sur ordonnance soient offerts gratuitement.
M. Trudeau sera de retour à Ottawa mercredi, à temps pour le vote sur une motion de censure que les conservateurs prévoient de présenter dans l’espoir de faire tomber le gouvernement minoritaire.
«Les gens veulent parfois un changement, mais la réalité est que je crois profondément qu’il faut continuer de lutter contre les changements climatiques et d’investir dans les gens, continuer d’être là pour les soutenir. Et je vais continuer à me battre», a-t-il assuré.
À un certain moment, M. Colbert a soulevé que des idéologies comme le fascisme et la xénophobie gagnent du terrain partout dans le monde. Il a rappelé que, même au Canada, l’adversaire de M. Trudeau a déjà reçu le surnom de «Trump canadien». L’animateur a demandé pourquoi de telles idéologies font un retour même dans un pays «aussi poli que le Canada».
M. Trudeau n’a pas répliqué au sujet du «Trump canadien», mais il a admis que le Canada n’est pas parfait. Il a rappelé qu’il avait fallu des décennies pour se battre pour un système de santé universel, et que des choses comme être un chef de file mondial en matière de lutte contre les changements climatiques valent la peine d’être défendues.
«Il y a un gros débat en ce moment sur l’existence réelle des soins dentaires. Nous en avons fourni à 700 000 personnes à travers le pays et mon adversaire nous manipule en disant que les soins dentaires n’existent même pas encore», a-t-il déclaré.
Dans un communiqué publié plus tôt en septembre, le porte-parole conservateur en matière de santé, Stephen Ellis, a reproché au gouvernement d’avoir bâclé le programme de soins dentaires, affirmant que la grande majorité des Canadiens n’y sont pas admissibles et que ceux qui y sont admissibles pourraient devoir payer de leur poche.
M. Colbert a également interrogé M. Trudeau sur les questions qui opposent le Canada et les États-Unis, comme les droits de douane sur le bois d’œuvre, que le département américain du Commerce a presque doublé en août. M. Trudeau a répondu que les Américains payaient trop cher pour le bois d’œuvre à cause des tarifs.
«Nous traversons la frontière pour acheter des médicaments moins chers. Ça vous convient?» a demandé M. Colbert.
«Nous sommes heureux d’essayer de vous aider, mais ce serait vraiment plus facile si vous obteniez une couverture médicale universelle», a répondu M. Trudeau, sous les applaudissements nourris de l’auditoire.