Melania Trump soutient le droit à l’avortement, quoi qu’en dise son mari

Melania Trump a révélé jeudi son appui au droit à l’avortement, avant la sortie prochaine de ses mémoires, exposant un contraste frappant avec son mari, le candidat républicain à la présidence Donald Trump, sur cette question électorale cruciale aux États-Unis.

Dans une vidéo publiée sur son compte X jeudi matin, l’ancienne «première dame» a défendu les «libertés individuelles» des femmes de faire ce qu’elles veulent de leur corps – une position en contradiction avec une grande partie du Parti républicain.

Mais aussi en contradiction avec son propre mari, qui a du mal à trouver un message cohérent sur l’avortement, coincé entre les partisans antiavortement au sein de sa base militante et une majorité d’Américains qui soutiennent ce droit fondamental des femmes.

«La liberté individuelle est un principe fondamental que je défends, déclare Mme Trump dans la vidéo. Sans aucun doute, il n’y a pas de place pour le compromis lorsqu’il s’agit de ce droit essentiel que toutes les femmes possèdent dès la naissance: la liberté individuelle. Que signifie vraiment ‘mon corps, mon choix’?»

La vidéo semble confirmer des extraits de ses mémoires rapportés mercredi par le quotidien britannique The Guardian.

Melania Trump a rarement exprimé publiquement ses opinions politiques et elle a été largement absente de la campagne électorale actuelle. Mais dans ses mémoires, qui doivent sortir mardi prochain, elle soutient que la décision d’interrompre une grossesse devrait être laissée à une femme et à son médecin, «libre de toute intervention ou pression du gouvernement», selon les extraits publiés.

«Pourquoi quelqu’un d’autre que la femme elle-même devrait avoir le pouvoir de déterminer ce qu’elle fait de son propre corps?», a-t-elle écrit, selon The Guardian. «Le droit fondamental d’une femme à la liberté individuelle, à sa propre vie, lui confère le pouvoir d’interrompre sa grossesse si elle le souhaite.»

Melania Trump écrit qu’elle a «porté cette conviction avec elle tout au long de sa vie d’adulte».

Ces opinions contrastent fortement avec le programme antiavortement du Parti républicain et avec Donald Trump, qui s’est attribué à plusieurs reprises le mérite d’avoir nommé les trois juges de la Cour suprême des États-Unis qui ont contribué à annuler l’arrêt «Roe c. Wade» de 1973 et s’est vanté d’avoir renvoyé la question de l’avortement à chacun des États.

Stratégie pour rallier ?

Les démocrates accusent donc l’ancien président d’être responsable de la grave détérioration des droits reproductifs aux États-Unis, alors que des interdictions d’avortement ont été mises en œuvre dans de vastes régions après l’annulation de l’arrêt historique, qui avait accordé il y a cinquante ans un droit constitutionnel à l’avortement dans tout le pays.

Le groupe national contre l’avortement «SBA Pro-Life America» a dénoncé les propos de l’ancienne «première dame» sur l’avortement, y compris ses commentaires sur l’avortement plus tard dans la grossesse, mais a déclaré que leur «priorité est de vaincre Kamala Harris».

L’équipe de campagne de la vice-présidente Kamala Harris, en réagissant aux commentaires de Melania Trump, a souligné le rôle du président Trump dans l’abrogation de «Roe c. Wade».

«Malheureusement pour les femmes partout aux États-Unis, le mari de Mme Trump est en profond désaccord avec elle, et c’est à cause de lui que plus d’une Américaine sur trois vit sous une interdiction de l’avortement qui menace sa santé, sa liberté et sa vie», a déclaré Sarafina Chitika, porte-parole de la campagne Harris, dans un communiqué.

Donald Trump a déclaré mardi qu’il opposerait son veto à une interdiction fédérale de l’avortement; c’était la première fois qu’il le disait explicitement, après avoir longtemps refusé de répondre aux questions sur le sujet. Les défenseurs du droit à l’avortement sont cependant sceptiques, affirmant qu’on ne pouvait pas lui faire confiance.

La campagne Trump n’a pas répondu jeudi à une demande de commentaire sur le livre ou la vidéo de Mme Trump.

La stratège démocrate Brittany Crampsie a qualifié la publication des mémoires de «tentative claire de faire appel à un électorat plus modéré et de tempérer les opinions très clairement extrêmes [du candidat à la vice-présidence] JD Vance sur la question».

Melania Trump défend également dans ses mémoires les avortements plus tardifs au cours de la grossesse, affirmant que «la plupart des avortements pratiqués pendant les derniers stades de la grossesse étaient le résultat d’anomalies fœtales graves qui auraient probablement conduit à la mort ou à la mortinatalité de l’enfant. Peut-être même la mort de la mère».

Ces points de vue semblent diamétralement opposés à ceux de son mari, qui a souvent répété des informations erronées sur les avortements tardifs, affirmant même à tort que les démocrates soutenaient l’avortement «après la naissance», bien que l’infanticide soit évidemment interdit dans tous les États.

Mary Ruth Ziegler, professeure de droit à l’Université de Californie, qui se concentre sur le droit et l’histoire des droits reproductifs, a déclaré qu’il n’était pas clair si la publication des mémoires si près de l’élection était une tentative d’aider Donald Trump. Mais elle rappelle que la rupture de Melania Trump avec son mari sur la question n’est pas rare dans l’histoire politique américaine.