Un nouvel homme de fer à Farnham

SPORTS. Alexis Bonvouloir-Longpré se pratiquait depuis un an, et finalement, le jour tant attendu est arrivé le 21 juillet dernier. Il a franchi la ligne d’arrivée du Ironman de Lake Placid, dans l’état de New York, après une douzaine d’heures d’effort constant.

Par Abraham Santerre – Le Canada Français

« C’est vraiment fou, je repense à tout l’entraînement que j’ai fait, tous les efforts, tous les sacrifices, tout ce que j’ai mis de côté », ­déclare-t-il deux jours après avoir nagé 3,8 kilomètres, pédalé 180 kilomètres et couru 42,2 kilomètres.

L’athlète de 23 ans a accompli son premier triathlon en 11 h 42. Cela inclut 1 h 14 de nage, 6 h 32 de vélo, 3 h 40 de course et deux transitions entre les disciplines. « J’ai essayé de prendre un moment, de regarder l’arche, le monde arriver, de garder une image de ce que je viens d’accomplir. Ce n’est pas quelque chose qui arrive souvent dans une vie, c’est rare que tu te pousses autant », s’­exclame-t-il. Ses parents et deux de ses amis ont fait la route pour le voir accomplir le défi à ­Lake ­Placid, aux ­États-Unis.

Préparation

Alexis ­Bonvouloir-Longpré est un étudiant au doctorat en chiropratique à l’Université du ­Québec à ­Trois-Rivières (UQTR). « Je savais que la 4e année était moins difficile, parce que je faisais de la clinique, ­explique-t-il. Ça m’a permis de me concentrer à m’entraîner pendant toute l’année. C’est le bon moment, avant que je termine mes études dans un an. »

Au mois de septembre dernier, il s’entraînait environ 14 à 18 heures par semaine. Il pouvait atteindre 25 heures d’activités physiques à deux semaines de son ­Ironman. « J’essayais de faire les trois disciplines six jours par semaine et j’ajoutais de la musculation pour compléter », ­précise-t-il.

Le triathlonien profitait de la piscine de l’UQTR pour nager. « Le bout le plus difficile de l’entraînement, c’est qu’au ­Québec, en janvier, c’est impossible de faire du vélo et de courir à l’extérieur. À l’intérieur, c’est lourd. Tu ne vois rien, tu n’as pas de vent et il fait chaud. Toutes ces heures, quand j’y repense, ça a valu la peine », estime l’athlète qui avait un calendrier où tous ses entraînements étaient inscrits depuis le mois de janvier.

Départ

Avec déjà un marathon et une course de longue distance à ­Bromont comme expériences, ­Alexis ­Bonvouloir-Longpré est arrivé à ­Lake ­Placid trois jours avant son départ. Le même jour, il a modifié son alimentation. Ses heures d’entraînement étaient réduites également pour arriver dans la meilleure forme possible le dimanche.

« Je suis arrivé pour m’enregistrer, c’était impressionnant ! J’ai vu tout le site, c’est comme un petit village avec toutes les transitions des disciplines. On est plus de 2000 athlètes accueillis par toute la communauté », se ­souvient-il. Le lendemain, il est allé nager dans le lac « pour voir à quoi ça ressemblait », parce que son expérience en eau libre était moindre.

Enfin, le dimanche, ­Alexis Bonvouloir-Longpré est arrivé sur le site de la compétition à 4 h 30. Il a terminé ses derniers préparatifs en allant porter ses bouteilles d’eau et ses sacs aux transitions. C’est vers 6 h 45 qu’il est entré dans l’eau.

Déroulement

Les 3,8 kilomètres de nage l’ont trempé dans l’atmosphère d’un ­Ironman. « Accomplir la natation en un peu plus d’une heure, ça m’a rendu fier. Je me suis senti un peu déshydraté, alors j’ai bu beaucoup d’eau en commençant le vélo. J’ai aussi mangé un sandwich au beurre d’arachides et à la gelée », ­révèle-t-il.

Les 180 kilomètres de vélo, séparés en deux boucles de 90 kilomètres, ont été plus compliqués. « ­Un des moments les plus durs, c’est à la fin de la première boucle, où il y a une montée de huit kilomètres. La première fois, je regardais mes temps et j’étais découragé en ne voyant pas le village », dit ­Alexis ­Bonvouloir-Longpré, qui a néanmoins retrouvé sa motivation pour compléter plus rapidement la deuxième partie de cette discipline.

Ensuite, près de huit heures après son départ, l’homme âgé de 23 ans a attaché ses espadrilles de course. « J’ai vu à plusieurs reprises mes parents et mes amis, ça me remontait le moral et me motivait », ­ajoute-t-il après avoir vécu des épreuves dignes de montagnes russes.

Fil d’arrivée

L’athlète a relevé son dernier défi avec succès. « Tu arrives tellement proche de la fin qu’une nouvelle vague d’énergie s’empare de toi. Je dépassais toujours du monde, se ­souvient-il. Si on m’avait donné la chance au début de l’Ironman d’être dans la position que j’étais, c’est sûr que je l’aurais prise. »

Alexis ­Bonvouloir-Longpré a complété la course en 3 h 40, c’est 15 minutes plus rapidement que lors de son premier marathon. Il a traversé l’arche avec un temps de 11 h 43. Cela le classe 351e parmi les 2492 participants de l’événement de ­Lake ­Placid et 13e dans sa catégorie d’âge (hommes de 18 à 24 ans). « C’est un poids qui tombe, et en plus, ça a bien été », ­avoue-t-il.

«  Quand tu fais quelque chose comme ça, ça te prouve que tu es capable de tout faire, peu importe de quoi il s’agit, physique ou autre », croit ­Alexis ­Bonvouloir-Longpré, qui se souviendra à jamais de son exploit. Il ne ferme pas la porte à l’idée de refaire des triathlons dans le futur.