Autoroute 35: les maires estiment que le projet doit suivre son cours
MUNICIPAL. Les maires de la région de Bedford reconnaissent que les affirmations de Clémence Benoit ne sont pas dénuées de sens et que le projet présente à la fois des avantages et des inconvénients. Ils trouvent cependant l’intervention de la géographe particulièrement tardive.
«Tout grand projet a ses partisans et ses opposants. Le parachèvement de l’autoroute 35 ne fait pas exception à la règle», indique le maire du Canton de Bedford, Gilles St-Jean.
Son homologue de Notre-Dame-de-Stanbridge, Daniel Tétreault, soutient que la démarche des opposants est légitime, mais croit néanmoins que ces derniers auraient dû se manifester bien avant.
«Ce projet-là ne date pas d’hier. On a commencé à en parler en 1963, il y a déjà 57 ans», précise-t-il.
Le maire Gilles Rioux, de Stanbridge Station, abonde dans le même sens.
«J’ai de la misère à comprendre pourquoi Mme Benoit se réveille en 2020 alors qu’on parle de ce projet depuis des décennies. Elle aurait dû se présenter aux audiences du BAPE (en 2006) et demander à être entendue à ce moment-là», avance-t-il.
Yves Lévesque, maire de Bedford, estime que les opposants ont manqué de timing.
«Le gouvernement est déjà engagé par contrat pour la troisième phase du projet et ne peut plus reculer», insiste-t-il.
Bon pour la région
La plupart des maires du secteur ouest de Brome-Missisquoi s’entendent également pour dire que la réalisation des travaux aura un impact économique positif pour la région.
«C’est un atout de plus pour la région. Ça va permettre de raccourcir le trajet entre Bedford et Montréal, en plus de nous relier directement aux États-Unis au moyen d’une voie rapide», avance M. Lévesque.
Gilles Rioux ajoute que le consortium Coentreprise Bricon et Construction Longer, responsable de la phase III-A du projet, va s’approvisionner en pierre auprès de Concassage Pelletier inc., de Saint-Armand, et de Carrière D. M. Choquette, de Stanbridge Station.
Ce dernier croit également que le nouveau tronçon autoroutier pourrait faciliter l’implantation du parc industriel intermunicipal et favoriser les entreprises qui pourraient s’établir dans le parc.
«Est-ce que ça va nous amener plus de touristes? Je n’en suis pas certain, car les visiteurs n’auront plus à passer par les petits villages. L’ajout d’un kiosque d’information touristique aux abords du poste frontalier de Saint-Armand pourrait cependant contribuer à faire connaître les attraits de notre région aux Américains et les inciter à passer plus de temps parmi nous», poursuit M. Rioux.
Le maire Martin Bellefroid reconnaît qu’il est partagé entre ses intérêts personnels et ceux de la communauté.
«Il y a plein de gens à Pike River qui espèrent que l’autoroute 35 va réduire le nombre de camions et d’autos dans le village. Une réduction du trafic pourrait cependant entraîner des pertes de revenus pour nos commerçants. Et comme le tracé passe sur ma propriété, ça va m’enlever 20 acres de bonne terre», explique-t-il.
Le maire St-Jean signale qu’il s’est vendu six terrains, cette année, sur le territoire du Canton de Bedford et se demande si certaines de ces transactions n’ont pas un lien avec le début de la troisième phase des travaux.
«Le prolongement de l’autoroute 35 va raccourcir le trajet entre Montréal et la région de Bedford. Ça peut inciter des travailleurs de la Métropole ou de la Rive-Sud à s’établir chez nous, là où les terrains sont encore très abordables», résume-t-il.