BCE dévoile un profit en baisse et se dit prête pour la concurrence des prix
MONTRÉAL — Le géant des télécommunications BCE a presque complété une vague de dépenses d’infrastructure et se prépare à mettre à contribution son réseau amélioré et sa plus grande marge de manœuvre financière pour attirer plus de clients.
«Nous avons l’espace nécessaire pour livrer une concurrence sur les prix, si jamais quelqu’un voulait nous emmener dans cette voie», a affirmé jeudi le chef de la direction du propriétaire de Bell Canada, Mirko Bibic, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes, après avoir affiché un bénéfice du quatrième trimestre en baisse par rapport à l’année précédente.
La société a passé les dernières années à investir massivement dans l’expansion de son réseau de fibre optique, pour offrir de meilleures vitesses en général. La cible de cette expansion de réseau à bande large est aujourd’hui atteinte à plus de 80 %.
Les dépenses devraient maintenant diminuer jusqu’en 2025 pour atteindre des niveaux plus habituels, à mesure que la construction du réseau de fibre se terminera. Déjà, environ 300 millions $ ont été effacés de ses plans de dépenses pour 2023. L’amélioration des vitesses et la baisse des coûts d’exploitation placent l’entreprise dans une position forte, a estimé M. Bibic.
«Nous avons investi des milliards et des milliards pour construire des réseaux de premier plan en Amérique du Nord. Nous allons remplir ces réseaux.»
L’entreprise gagne des parts de marché de la fibre malgré «l’intensité promotionnelle», tout en maintenant ses marges grâce à la plus faible structure de coûts des réseaux, a-t-il expliqué.
Résultats en baisse au 4e trimestre
La concurrence sur les prix, incluant les offres très concurrentielles du Vendredi fou, a cependant pesé sur les résultats du plus récent trimestre, tout comme l’inflation, les coûts météorologiques et la faiblesse du marché publicitaire dans les médias.
Le bénéfice net attribuable aux actionnaires ordinaires s’est élevé à 528 millions $, ou 58 cents par action, au quatrième trimestre, alors qu’il avait été de 625 millions $, ou 69 cents par action, un an plus tôt.
Sur une base ajustée, BCE a indiqué avoir réalisé un profit par action de 71 cents au cours du trimestre, contre celui de 76 cents pour la même période un an plus tôt.
Les ajustements excluent 26 millions $ de coûts liés à l’inflation et aux conditions météorologiques pour le quatrième trimestre, alors que pour l’ensemble de l’exercice, ces coûts ont atteint 87 millions $.
Le directeur financier, Glen LeBlanc, a observé que les coûts liés aux conditions météorologiques, qui s’élevaient jadis à environ 5 millions $ par année, avaient été plus près de la barre des 10 millions $ dans l’histoire récente, avant le bond de l’an dernier.
«La somme de 43 millions $ est extraordinaire, et, je touche du bois, c’est quelque chose que nous ne voulons pas revoir.»
Le total des revenus d’exploitation pour le trimestre s’est élevé à 6,44 milliards $, comparativement à 6,21 milliards $ au quatrième trimestre de 2021.
Pour l’exercice à venir, la société s’attend à ce que des charges d’intérêts plus élevées, ainsi que des ajustements fiscaux et des amortissements plus importants, mènent à une baisse de 3 % à 7 % du bénéfice ajusté par action, par rapport à 2022.
Demande intacte pour l’instant
La société s’attend cependant à ce que le bénéfice ajusté avant diverses déductions connaisse une croissance d’entre 2 % et 5 %, malgré les inquiétudes économiques.
«Nous nous attendons à ce qu’il y ait une récession, bien que je pense personnellement qu’elle sera courte et peu profonde», a souligné M. LeBlanc.
«Les prévisions que nous avons fournies ici tiennent compte de cette récession. Nous n’avons constaté aucun changement pour le moment dans la demande des consommateurs.»
Les revenus pour l’année à venir devraient augmenter d’entre 1 % et 5 %.
La société prévoit également de verser 3,87 $ par action en dividendes, contre 3,68 $ l’an dernier, après avoir relevé son dividende trimestriel à 96,75 cents par action, comparativement à celui de 92 cents par action qui prévalait jusque là.
Les résultats ont été largement conformes aux attentes, car des bénéfices avant déduction légèrement inférieurs aux prévisions ont été contrebalancés par de solides ajouts au réseau, a observé l’analyste Drew McReynolds, de RBC Marchés des capitaux, dans une note.
Les prévisions pour l’année à venir et l’augmentation du dividende ne sont pas non plus une surprise, a-t-il ajouté.
Entreprise citée dans cette dépêche: BCE (TSX:BCE)