Le magasin général de Saint-Armand fermé pour sept mois
AFFAIRES. En affaires depuis près de dix ans, les propriétaires du magasin général de Saint-Armand pourront prendre des vacances bien méritées à la suite de la location de leur établissement à une maison de production.
André Lapointe et sa conjointe Maryse Déry ont en effet conclu une entente de sept mois avec les producteurs d’une série policière inspirée de l’œuvre de la romancière Louise Penny.
«Tout s’est fait très vite. On nous a approchés à la fin mai et le contrat a été signé il y a une dizaine de jours à peine», indique le marchand général.
Ce dernier signale que trois mois seront consacrés à la mise en place des décors, puis au démantèlement de ces mêmes installations. Les quatre autres mois serviront au tournage proprement dit.
Pour les besoins de l’opération, le magasin général a été vidé de tout son contenu. Le mobilier et l’équipement du commerce ont par la suite été relocalisés dans un entrepôt de la région.
Les décorateurs et accessoiristes de la série policière héritent ainsi d’une coquille vide qui prendra les allures d’un resto-pub.
«Les producteurs assument tous les coûts du déménagement», précise M. Lapointe.
Une pause salutaire
Le couple a fait l’acquisition de l’ancien magasin général de Jacques Benoit le 20 février 2012 et ouvert l’établissement dès le lendemain.
M. Lapointe et sa conjointe avaient d’abord songé à faire un peu de ménage et à mettre le magasin à leur main avant sa réouverture, mais ils ont finalement décidé de ne pas faire patienter les citoyens de Saint-Armand plus longtemps.
L’établissement est accessible aux consommateurs sept jours sur sept, à raison de 15 ou 16 heures par jour, depuis le changement d’administration.
«Maryse et moi avons été sur place en tout temps, même les jours de fête, tout au long des neuf dernières années. Nous sommes brûlés et avons vraiment besoin de vacances. La fermeture temporaire du magasin, à la suite de la location du bâtiment, tombe donc à point. On voit même ça comme une luck», ajoute le marchand, sur le ton de la confidence.
Des projets à court terme?
«Nous allons prendre le temps de nous asseoir et de relaxer un peu. Peut-être un voyage un peu plus tard», poursuit-il.
Vente du commerce?
Le 31 janvier 2022, à la fin du contrat de location de la bâtisse, le magasin général devrait normalement rouvrir ses portes aux consommateurs, sous une nouvelle administration.
«Ça va rouvrir, mais nous ne serons plus là. Il y a déjà des gens qui ont démontré de l’intérêt à reprendre le commerce», confie M. Lapointe.
À 62 ans, le marchand général estime en effet qu’il est mûr pour la retraite.
«J’ai fait trois crises de cœur, à l’âge de 45 ans, avant l’achat du magasin. Je n’ai pas eu d’autre problème de santé majeur depuis une dizaine d’années, mais mon corps me dit de prendre ça plus relaxe», ajoute-t-il.
Ce dernier précise que sa conjointe a 57 ans et contribue largement elle aussi.
«Près de 90 % de nos clients comprennent la situation et sont contents pour nous, même s’ils savent qu’ils devront s’approvisionner à l’extérieur de Saint-Armand pendant les sept prochains mois».
Rêve d’enfance
André Lapointe est originaire de Stanbridge East alors que Maryse Déry a vu le jour à Bedford.
M. Lapointe a fait la connaissance de Christian Benoit, l’un des fils de l’ancien propriétaire, à l’âge de neuf ans. Sa famille venait alors de s’établir à Pigeon Hill.
«Le magasin général, je l’ai vu plus souvent qu’à mon tour et je m’y suis toujours senti à l’aise. Dès mon enfance, je rêvais déjà d’en devenir le propriétaire. Le projet s’est finalement concrétisé quand M. Benoit a décidé de prendre sa retraite. Il ne voulait pas vendre à tout prix ni à n’importe qui, mais il a fini par réaliser qu’il avait 84 ans et n’avait plus la santé pour tenir commerce», raconte notre interlocuteur.
Ce dernier a toujours travaillé parmi le public. Un premier emploi comme facteur rural l’avait amené à côtoyer ses concitoyens sur une base régulière. L’achat du magasin général lui a par la suite permis de faire plus ample connaissance et de tisser des liens d’amitié avec les résidants de Saint-Armand.
«Le contact avec les gens, c’est sans doute ce qui va me manquer le plus», admet-il.