Le curé de la paroisse Saint-Romuald et les employés du presbytère au chômage
ÉCONOMIE. La crise sanitaire fait mal aux paroisses et aux diocèses qui sont privés de revenus depuis 12 mars dernier.
«Pour les paroisses Saint-Romuald et Sainte-Brigide, on parle d’un manque à gagner de plusieurs dizaines de milliers de dollars. À l’échelle du diocèse de Saint-Hyacinthe, les pertes s’élèvent à plusieurs millions $», indique le curé Benoit Côté, responsable des deux communautés paroissiales.
Reports et annulations
Au moment d’aller sous presse, on ignorait toujours quand le public serait de nouveau admis dans les églises et à quelles conditions.
«Nos dernières messes ont eu lieu le dimanche 8 mars, quelques jours avant la mise du Québec sur pause. Ça fait déjà trois mois que la situation perdure», précise l’abbé Côté.
Avec l’annulation des messes, les paroisses sont notamment privées des revenus de la quête.
«Les gens sont également moins portés à payer la dîme ou à envoyer des dons à leur paroisse», ajoute notre interlocuteur.
L’annulation des baptêmes, mariages et funérailles entraîne également des pertes importantes (frais pour les célébrations, revenus de location du sous-sol de l’église).
«Cinq ou six familles de notre territoire ont opté pour une liturgie au salon funéraire alors qu’une quinzaine d’autres ont préféré reporter les funérailles à une date ultérieure. Il reste à savoir si ces familles vont pouvoir attendre indéfiniment», poursuit le curé de Saint-Romuald.
Pas moins de huit mariages ont été reportés sur le territoire de Farnham et de Sainte-Brigide-d’Iberville à la demande des futurs époux. Certains d’entre eux ont déjà retenu une date pour 2021.
«Pour la plupart des gens, faire un mariage sans pouvoir danser ou embrasser la mariée, ça n’a aucun sens. Au lieu de faire les choses à moitié, on préfère souvent reporter l’événement à une date éloignée dans l’espoir d’un retour à la normale», explique l’ecclésiastique.
On apprend également que des couples ont choisi d’annuler leur mariage jusqu’à nouvel ordre pour des considérations d’ordre économique (chômage forcé) ou par crainte pour la santé de leurs invités.
Mises à pied
La pandémie de coronavirus a par ailleurs entraîné plusieurs mises à pied dans le monde de l’Église.
«Notre évêque, Mgr Christian Rodembourg, a recommandé aux conseils de fabrique la mise à pied temporaire des curés et du personnel des presbytères. Je bénéficie moi-même de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) depuis le 27 mars. Il en va de même pour les agentes de pastorale et les préposées au secrétariat de nos deux paroisses. Nous sommes neuf personnes au chômage à l’heure actuelle», révèle le curé de Saint-Romuald et de Sainte-Brigide.
L’abbé Côté est bien conscient que les lieux de culte vont finir par rouvrir, mais croit néanmoins que les choses ne seront plus jamais pareilles. Pour reprendre l’expression populaire, il y a eu un avant et il y aura un après COVID-19.
«Avec le virus, l’Église ne sera plus la même, ne sera plus comme nous la connaissions jusque-là. On devra apprendre à servir la population et à venir en aide aux gens d’une façon différente. Le changement est souvent source d’inquiétude pour plusieurs, mais, de mon côté, je suis ouvert à ça», poursuit le religieux, en faisant notamment référence à l’avènement des «rites funéraires à la carte».