La valorisation des rebuts industriels gagne en popularité dans Brome-Missisquoi
ÉCONOMIE. Le tonnage et le nombre d’échanges de matières, d’expertise et de services entre les entreprises de Brome-Missisquoi, dans le cadre du projet de symbiose industrielle, ont doublé entre 2017 et 2018.
Ce mois-ci, le nombre cumulatif de synergies a par ailleurs franchi le cap des 500 échanges. Les deux tiers d’entre elles ont été répétés à deux ou plusieurs reprises.
En cinq ans, ces échanges ont permis de valoriser plus de 5000 tonnes métriques de matières résiduelles – l’équivalent de 500 camions de vidanges – tout en générant des gains économiques de plus de 1 M$.
«La réutilisation des matières résiduelles entraîne une baisse des coûts de transport / enfouissement chez certaines entreprises et constitue une source d’approvisionnement non négligeable pour celles qui les utilisent en remplacement de matières premières vierges. Il s’agit également d’un levier important vers une économie responsable qui entraîne une réduction des émissions de gaz à effet de serre», explique Oriana Familiar, conseillère en développement durable au CLD de Brome-Missisquoi.
Une deuxième vie
La réalisation de ce projet permet de donner une seconde vie à certains produits postindustriels (eau, bois, plastique, acides, bases, boues, énergie). Certains échanges interentreprises sont ponctuels (une fois l’an par exemple) alors que d’autres sont plus réguliers (à chaque semaine ou à chaque mois).
«En 2018, une dizaine d’entreprises générant un faible volume de matières résiduelles se sont regroupées pour alimenter d’autres entreprises ayant de grands besoins de produits postindustriels. Leurs efforts ont permis de valoriser 1726 tonnes de rebuts», signale la porte-parole du CLD.
La symbiose industrielle favorise également la mise en commun de diverses connaissances et expertises chez les entreprises participantes. «Ces échanges permettent notamment à de petites entreprises d’ici de se familiariser avec les meilleures pratiques des grandes entreprises», précise Mme Familiar.
Secteur agricole
Dans Brome-Missisquoi, le secteur agricole emboîte le pas au secteur manufacturier et trouve à son tour de nouvelles vocations aux rebuts industriels.
«Une quinzaine d’entreprises agricoles – principalement des fermes maraîchères – ont pris des ententes avec des entreprises manufacturières. Elles récupèrent notamment des palettes de bois pour la confection de clôtures, étagères et poulaillers, des chaudières blanches de 22,7 litres pour la cueillette des fruits et légumes ou comme bancs pour la traite des vaches, des barils bleus de 208 litres pour la cueillette des eaux de pluie ou l’entreposage de semences, outils et autres», indique Mme Familiar.
Le CLD cherche maintenant une façon de valoriser les plastiques agricoles. Un petit groupe de producteurs, ciblés dans le cadre de la mise à jour annuelle du répertoire des entreprises agricoles et agroalimentaires, ont déjà signifié leur intérêt pour une participation à un projet-pilote.
«Dans ce cas-ci, le défi est double. Il nous faut d’abord trouver une méthode efficace pour débarrasser les emballages de plastique de certaines impuretés (gazon, paille, terre, roches, etc.). On doit également dénicher de nouveaux équipements – ou adapter de la machinerie existante – permettant de manipuler et de traiter les plastiques de manière efficace. Il faudra notamment trouver une façon d’éliminer les blocages sur les convoyeurs», poursuit la conseillère en développement durable.
Cette dernière poursuit également ses recherches afin de trouver un véritable débouché aux plastiques agricoles.
«À l’heure actuelle, certaines MRC acheminent les plastiques agricoles dans des cimenteries, pour y être brûlés, faute d’autres solutions. D’autres se contentent de stocker les enrobages en attendant que le gouvernement du Québec se positionne dans le dossier», ajoute Mme Familiar.