Farnham: un projet commercial inquiète l’école JJB

ALIMENTATION. Les grandes lignes du projet commercial de la compagnie Odacité inc., à l’intersection de la rue Jacques-Cartier et de la route 104, n’ont pas encore été dévoilées que des représentants de l’école Jean-Jacques-Bertrand (JJB) s’interrogent déjà sur la pertinence d’ouvrir un restaurant à proximité de l’établissement scolaire.

Odacité inc. souhaite acquérir six terrains sur la rue Jacques-Cartier dans le but d’y implanter un mini-complexe commercial. L’entreprise a déjà déposé une offre pour l’achat de deux terrains appartenant à la municipalité et une offre similaire au regroupement de propriétaires possédant les quatre autres lots (Sylvain Martel, Adrien Robert, France Côté et succession Isidore Barabé). Si le projet se concrétise, l’acheteur se retrouvera en possession d’un terrain commercial de 70 000 pi2

Selon Sylvain Martel, Odacité inc. songe plus précisément à l’implantation d’un dépanneur, d’une station-service et d’un restaurant de 3 000 pi2, mais ses démarches en seraient encore au stade préliminaire.

«Le règlement de zonage de la Ville de Farnham autorise l’ouverture d’un restaurant dans le secteur, mais il n’est pas dit que le projet de mini-centre commercial va nécessairement en inclure un. Comme le promoteur n’a pas encore soumis de demande de permis de construction, on ignore quels usages il entend donner à son bâtiment», indique François Giasson, directeur général de la municipalité.

Une résolution adoptée par le conseil municipal de Farnham précise que la signature de l’acte notarié devra se faire au plus tard le 1er octobre 2016 et qu’un bâtiment devra être construit sur le site au plus tard le 1er décembre 2017, à défaut de quoi les lots pourraient être repris par la Ville.

Levée de boucliers

Le directeur de JJB, Alain Bachand, affirme que la présence d’un établissement de restauration rapide à proximité de l’école irait à l’encontre de la politique alimentaire de la  Commission scolaire du Val-des-Cerfs.

«Il a été démontré que la présence d’un établissement de restauration rapide dans un rayon de 750 m autour d’une école augmente de façon significative les risques pour un étudiant de consommer de la malbouffe», plaide M. Bachand.

Selon ce dernier, la Ville et la Commission scolaire auraient tout intérêt à s’allier et à travailler ensemble afin de s’assurer que les enfants aient accès à des aliments de qualité.

Natacha Lombart, nutritionniste à Val-des-Cerfs et au CIUSSS Estrie, reconnait que la restauration rapide a évolué au fil des ans et qu’il y a eu des améliorations dans son offre de service. 

«Un restaurant a beau offrir des salades et des mets plus santé à son menu, il n’est pas dit que l’étudiant va délaisser les frites, hot dogs, hamburgers pour autant. S’il prend la peine de se déplacer à l’extérieur de l’école pour aller dîner, c’est qu’il recherche des aliments n’étant pas disponibles à la cafétéria», affirme Mme Lombart.

Sylvain Martel voit les choses d’un autre œil et croit que la saine alimentation est avant tout affaire d’éducation.

Libre concurrence

Natacha Lombart craint également que l’ouverture d’un restaurant à proximité de JJB ne livre une concurrence déloyale au concessionnaire de la cafétéria de l’école qui a dû bannir la malbouffe et offrir des menus santé pour se conformer à la politique alimentaire de Val-des-Cerfs.

La nutritionniste va même jusqu’à dire que l’école risque de voir partir le concessionnaire de la cafétéria et avoir de la difficulté à en recruter un nouveau si un restaurant venait à s’établir à proximité de l’école.

Sylvain Martel croit plutôt que l’école JJB cherche à «protéger le concessionnaire» par tous les moyens possibles au détriment de l’entreprise privée.

«La libre concurrence a toujours sa place au Québec à ce que je sache. Dans ce contexte, ce serait aller contre les lois du marché que de limiter le nombre de joueurs», insiste-t-il.

M. Martel soutient par ailleurs que le contexte économique n’a rien de reluisant et que Farnham n’a tout simplement pas les moyens de se priver d’un investissement, quel qu’il soit.

Ce dernier affirme tout mettre en oeuvre pour dénicher un restaurateur offrant des menus de qualité, qu’il s’agisse d’un artisan local ou d’une chaîne de restauration.