Saint-Armand en mode fibre optique

DÉVELOPPEMENT. Saint-Armand et quatre autres municipalités avoisinantes pourraient passer à la fibre optique au printemps prochain après de nombreuses tentatives avortées. L’initiative a été relancée par la Société de développement de Saint-Armand (SDSA), organisme qui vient tout juste d’être remis sur les rails après un an d’inactivité.

C’est l’entreprise Internet Haut-Richelieu (IHR), un organisme à but non lucratif, qui a été approchée pour l’installation du réseau de fibres optiques. L’organisme a comme mission de fournir Internet haute vitesse dans les zones rurales qui ne sont pas desservies par les grandes entreprises de télécommunications. Son président, Patrick Bonvouloir, se dit optimiste quant à la réalisation du projet malgré son statut embryonnaire.

Patrick Bonvouloir rencontrera prochainement la MRC de Brome-Missisquoi et il est toujours en pourparlers avec les municipalités concernées: Saint-Armand, Stanbridge Station, Pike River, Notre-Dame-de-Stanbridge et Frelighsburg.  

Le vice-président de la SDSA, Étienne Gingras, assure qu’il s’agit d’une nécessité pour la municipalité, notamment afin d’éviter un dépeuplement. «Les gouvernements, dans leur préoccupation d’occupation du territoire, ont avantage à ce que les régions rurales aient des solutions robustes pour Internet. Sans quoi la dévitalisation des régions va se poursuivre. En 2016, les acheteurs potentiels en font une de leur première préoccupation», explique celui qui travaille dans le domaine de l’informatique.

Le député fédéral de Brome-Missisquoi, Denis Paradis, abonde dans le même sens. «On voudrait que nos jeunes restent en région et peupler nos campagnes. C’est impossible avec un réseau comme on a», déplore-t-il.

Ce dernier habite à Saint-Armand et il assure que la connexion Internet est boiteuse. «On a une soucoupe. Quand c’est nuageux et quand il pleut, ça coupe. Ce n’est pas fiable et ça coûte cher», relève-t-il.  

Avantages
Étienne Gingras avance plusieurs raisons pour justifier l’implantation d’un réseau de fibre optique dans la région. Il assure que le couvert forestier ainsi que la présence des collines font que l’installation d’une tour de télécommunication est impossible. «Quand on installe la fibre optique, on le fait pour les prochains quarante ans et ce sont de gros investissements, mais sur un horizon aussi long ce n’est pas si pire», note-t-il en ajoutant que la fibre optique offre également les services de téléphonie et de télévision.

Près d’ici, ce sont 2000 maisons du Haut-Richelieu qui seront branchées à un nouveau réseau de fibres optiques d’ici le printemps prochain. C’est d’ailleurs IHR qui se chargera d’en faire l’installation. Le projet représente un investissement de 4,8 M$, dont 2 M$ provient d’un programme fédéral. L’autre partie est financée d’un prêt bancaire obtenu par IHR.

Un pays pas assez branché
Denis Paradis a été élu pour la première fois en 1995. À cette époque, il rappelle que le député Brian Topin avait suggéré de brancher le Canada d’un océan à l’autre d’ici quinze ans. «Encore aujourd’hui, on a des problèmes. On est en 2016, pas en 1995. La situation au Canada se dégrade par rapport à l’ensemble de la planète et le problème n’est pas que dans Brome-Missisquoi», tranche-t-il.

Le député entend faire pression tant qu’il n’y aura pas de solution au problème. «Qu’on arrête de me dire que j’habite dans une région éloignée quand j’habite à 45 minutes du pont Champlain et que ça coûte cher», dit-il en faisant référence aux grandes entreprises de télécommunications qui sont absentes des régions rurales.
Il assure que l’ensemble des municipalités de son compté devrait avoir accès à un réseau Internet haute vitesse. «Pour ça, il va falloir changer les règles du jeu. C’est ce que je pousse à Ottawa. C’est en pleine ébullition», image M. Paradis.

Malgré le manque d’intérêt des grandes entreprises de télécommunications, il ne croit pas que la solution repose entre les mains d’une «petite entreprise». «Je n’ai rien contre le projet de Saint-Armand, mais ce n’est pas une solution globale. Si on va avec une petite entreprise, ça va prendre 20 ans avant qu’il y ait un réseau partout», indique l’élu.