Vin de glace: une année à oublier!

VINICULTURE. Les producteurs de vin de glace ne pourront pas compter sur l’hiver 2015 pour renflouer leurs stocks… et pour cause!

La température anormalement douce de novembre et décembre derniers est venue jouer les trouble-fête et a carrément bousillé la récolte de raisin destinée à la production de vin de glace.

«Je produis du vin de glace depuis 1997 et je n’aurais jamais cru voir ça», indique Charles-Henri De Coussergues, copropriétaire du  vignoble de L’Orpailleur.

Ce dernier explique que le raisin est généralement gelé les trois quarts du temps en cette période-ci de l’année et conserve ainsi toutes ses propriétés tout en gagnant en maturité.

«En 2015, ça a été tout le contraire. Le raisin n’a pratiquement pas gelé 85 % du temps et a fini par trop sécher. On pourra peut-être en tirer un vin blanc, mais il nous faut faire un X sur le vin de glace», ajoute le porte-parole de L’Orpailleur.

L’équipe de L’Orpailleur a pressé le raisin le 20 décembre alors que la température extérieure variait entre 4 et 5 degrés Celsius. En temps normal, le pressage du raisin se fait à moins 8 degrés Celsius, entre Noël et le 10 janvier.

«Nous nous sommes décidés à presser, parce que nous ne voyions aucun avantage à attendre plus longtemps», explique le vigneron d’expérience.

Et il n’y a pas qu’au Québec que le climat joue en défaveur du vin de glace….

«En Allemagne et en Autrice, le berceau du vin de glace, on ne produit du vin de glace qu’une année sur trois, quand la température le permet», précise M. De Coussergues.

On mise sur les réserves

L’Orpailleurs dispose heureusement de bonnes réserves et sera en mesure de produire suffisamment de vin de glace pour suffire à la demande.

«Nous avons encore des bouteilles de 2102 en inventaire et la portion non utilisée de la récolte de 2013 devrait nous permettre de produire de 10 000 à 15 000  bouteilles supplémentaires», signale le porte-parole de L’Orpailleur.

Le vignoble de Dunham devra cependant pouvoir compter sur une bonne récolte en 2016 pour  espérer pouvoir produire du vin de glace l’année suivante.

«Deux ans de suite sans gel, ce serait catastrophique. On serait carrément en rupture de stock», signale M. De Coussergues.

La situation n’est guère différente pour les autres producteurs de Brome-Missisquoi.

«Nous avons fait une gros millésime en 2013 et nous disposons ainsi d’une bonne réserve pour la production. S’il nous avait fallu compter sur la récolte de 2015, ça aurait été problématique», reconnaît Marie-Florence Crevier-Paradis, porte-parole du Domaine du Ridge, un vignoble de Saint-Armand qui produit et commercialise un vin de vendanges tardives (La Bise d’automne).

Le vignoble de La Bauge, une entreprise familiale de Brigham, ne produira pas de vin de glace, ni de vin de vendanges tardives, cette année.

«Comme nos stocks de vins réguliers étaient anormalement bas, nous avons gardé toute la récolte 2015 pour la production de vins secs. Ça a fait notre chance!», affirme Simon Naud, qui voit aux destinées du vignoble familial de Brigham depuis nombre d’année déjà.

La Bauge possède encore de plusieurs milliers de bouteilles de la cuvée 2013 pour fournir la Société des alcools du Québec et la boutique du vignoble en vin de glace (Sno) et en vin de vendanges tardives (Novembre).

«Nous fabriquons du vin de glace depuis 2011, sans pour autant focusser sur ce produit. Notre vignoble est plutôt réputé pour son vin de vendanges tardives, qu’il produit depuis une vingtaine d’années (1993)», poursuit M. Naud.