Limocar veut faire une croix sur trois de ses arrêts

TRANSPORT. «Terminus, tout le monde débarque!» La formule consacrée pourrait, dès le 9 janvier, ne plus résonner dans trois des destinations que dessert le transporteur interurbain Limocar dans Brome-Missisquoi. L’entreprise s’adressera en effet à la Commission des transports du Québec (CTQ) pour abolir les arrêts de Farnham, de Lac-Brome et de Ski Sutton.

La ligne se trouve en parallèle de celle parcourant Montréal-Sherbrooke. En semaine, Limocar sillonne sept municipalités dans son trajet reliant Montréal à Lac-Brome. Si la demande obtient l’aval de la CTQ, il ne restera plus que Sutton (Couche-Tard), Cowansville (Terminus Taxi A-1), Bromont (Autoparc 74), Granby (Couche-Tard rue Saint-Charles Sud) et Ange-Gardien (Marché du Village).         

«Notre objectif, c’est d’assurer la pérennité de ce service, donc de le maintenir», explique Dominique Lemay, directeur général de Transdev, dont Limocar est une filiale.   

En moyenne, Lac-Brome est imprimée sur le billet de six usagers par mois, que ce soit pour monter à bord ou descendre à Place Knowlton. L’autobus s’y arrête à 60 reprises.

Sutton verra l’un de ses arrêts être rayé de la carte, mais tout n’est pas perdu, puisque les autobus continueront de se rendre au Couche-Tard, en plein cœur du village. «Oui, l’arrêt à Ski Sutton pouvait être bon pour l’économie, mais le ski reste une activité de luxe, et les gens ont les moyens d’y aller autrement.»

Pour ce qui est de Farnham, le service attire mensuellement 67 usagers à travers 150 passages, puisque cinq autobus par jour s’arrêtent à la tabagie Centre-ville. 

Des défis

Depuis quelques années déjà, le transport interurbain est confronté à plusieurs défis, dont la concurrence avec les services de covoiturage et d’autopartage, laisse entendre M. Lemay. 

«Il faut que les entreprises comme la nôtre soient aussi dynamiques que les compagnies d’autopartage. C’est un service qui demeurera, mais qui doit être tonifié.»

Réduire les impacts

Limocar dit vouloir entrer en contact avec les autorités de certaines municipalités visées et avec la MRC pour examiner les retombées de ces décisions. «C’est clair qu’il y a une déception de leur côté, mais même si la décision a été soumise à la CTQ, on veut prendre le temps de s’asseoir avec eux et de voir s’il y a d’autres solutions, d’autres moyens pour réduire les impacts de ces retraits. Je pense que tout le monde fait preuve d’ouverture à ce niveau-là», témoigne M. Lemay. 

Au même niveau qu’en 2011

La compagnie misait gros en 2011 en augmentant le nombre d’arrêts pour attirer plus de clients. Manifestement, le pari n’a pas rapporté. «Ça n’a pas été le cas sur ce tronçon et ça nous amène plusieurs difficultés, notamment une perte importante au niveau de la rentabilité», expose M. Lemay.

Le service pourrait revenir sensiblement à ce qu’il était à ce moment-là. Pas question de hausser les tarifs, selon le directeur général. «Nous voulons garder les titres au même prix.»

L’entreprise entrevoit d’ajouter un volet mobile à son offre. «On veut permettre aux gens d’acheter un billet où ils veulent et quand ils le veulent, et de savoir où se trouve leur autobus en temps réel. Si l’on voit par la suite que tout se passe bien, on pourrait être tenté de ramener certains arrêts.»  

La fin du service d’autobus à Place Knowlton? 

Les autobus de transport interurbain s’arrêtent à la Place Knowlton depuis plus de trois décennies. Mais les récentes coupes envisagées par Limocar ne surprennent guère le propriétaire de l’endroit, Jean-François Mallette.

«L’autobus passait ici jusqu’à cinq fois par jour. Avec le temps ils ont réduit le service à un seul arrêt. Quand on passe de cinq à un, c’est sûr que les gens s’arrangent autrement. Il n’y a plus de monde parce qu’il n’y a plus de service!»

M. Mallette, dont le service offert lui permet d’acheminer une trentaine de colis par mois, reconnait que les gens ne se bousculent plus aux portes pour prendre l’autobus.  

«C’est vrai que ce n’est plus achalandé, mais si tu remets un bon service, matin et soir, il y en aura du monde, avance-t-il.

Ça représente une perte financière pour nous, mais pas énorme. Je ne mettrai personne dehors. Ce que je trouve triste, c’est la perte du service offert à la population.» 

De passage sur place vendredi en après-midi, Journal Le Guide a été à même de constater la faible fréquentation du service. Aucun embarquement ni débarquement de passagers. 

«Depuis qu’ils ont éliminé l’arrêt à Mansonville il y a quelques années, ce n’est plus aussi achalandé ici», confiait le chauffeur rencontré sur place, au moment où il chargeait trois colis.