COP29: les négociations sont tendues sur un nouvel accord financier
Le ministre canadien de l’Environnement et du changement climatique a critiqué le leadership de l’Azerbaïdjan au sommet des Nations Unies sur le climat, alors que les négociations tendues sur un nouvel accord financier se terminaient sur le fil du rasoir.
Steven Guilbeault, s’exprimant jeudi soir, a expliqué qu’il avait jusqu’à présent été «déçu» par les pourparlers organisés par l’Azerbaïdjan, ajoutant que le temps «s’écoulait rapidement».
Alors que la conférence connue sous le nom de COP29 se prolonge jusqu’à la fin, les négociateurs sont toujours en train de discuter du montant d’argent que les pays les plus riches — et historiquement les plus émetteurs — promettront à leurs homologues en développement dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Le dernier projet de texte de négociation publié vendredi promettait 250 milliards de dollars d’ici 2035, soit plus du double de l’objectif précédent fixé il y a 15 ans, mais moins d’un quart de ce que les pays en développement demandaient.
Catherine Abreu, une éminente experte canadienne de la politique climatique, l’a qualifié de «plus petit dénominateur commun».
S’exprimant vendredi depuis la conférence de Bakou, Mme Abreu a affirmé que les pays en développement comme le Canada doivent s’exprimer «très rapidement» afin de rendre l’accord plus ambitieux.
Plusieurs experts indépendants ont suggéré que les pays en développement pourraient avoir besoin de plus de mille milliards de dollars pour les aider à s’éloigner des combustibles fossiles, à s’adapter aux effets climatiques attendus et à payer les dommages déjà causés par les conditions météorologiques extrêmes.
Jeudi, le ministre Guilbeault a déclaré que le Canada «ne conteste certainement pas que nous devons atteindre quelque chose autour de mille milliards de dollars d’ici 2030».
«La question est de savoir comment. Ce ne sera pas uniquement de l’argent public. Cela n’arrive pas», a-t-il indiqué dans une entrevue jeudi soir.
M. Guilbeault a critiqué l’Azerbaïdjan pour avoir présenté des textes de négociation plus tôt dans la semaine qui ne reconnaissaient pas les accords internationaux précédents visant à réduire la dépendance aux combustibles fossiles et à accroître l’efficacité énergétique.
«Ce sont des choses sur lesquelles nous avons déjà convenu, a-t-il déclaré. Cela devrait être une évidence.»
L’objectif précédent de financement climatique, convenu en 2009, voyait les pays s’engager à verser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020. Cet objectif a été atteint avec deux ans de retard et les pays ont convenu de proposer un nouvel objectif d’ici 2025, faisant de la COP29 un forum pour en peaufiner les détails.
M. Guilbeault a affirmé que se fixer sur un montant en dollars ne peut pas se faire au détriment d’une plus grande transparence et d’une plus grande accessibilité de cet argent pour les pays en développement.
Le Canada a également fait pression pour que la Chine et l’Arabie saoudite figurent parmi les pays ajoutés à la liste des pays donateurs au financement climatique, en reconnaissance de la croissance de leurs économies et de leur part des émissions.
«Un chiffre a été avancé à Copenhague en 2009 sans beaucoup réfléchir à l’architecture globale de ce à quoi ressemblerait un bon ensemble financier», a-t-il déclaré.
«Cette idée selon laquelle un chiffre réglera tout — on y est déjà allé, on l’a fait, on a eu le chandail, ça n’a pas fonctionné.»
Julie Segal, d’Environmental Defence, a expliqué que la nouvelle proposition de 250 milliards de dollars est «radine» et serait «fondamentalement le statu quo, voire moins», une fois ajustée à l’inflation.
«Cette proposition actuelle des pays riches comporte tellement de lacunes et est inacceptable par rapport aux besoins», a-t-elle déclaré dans une entrevue vendredi.
Caroline Brouillette, directrice générale du Climate Action Network Canada, a expliqué qu’elle n’avait jamais assisté à des négociations climatiques de l’ONU aussi embrumées par l’incertitude, si près de leur échéance.
«Étant donné que nous vivons l’année la plus chaude jamais enregistrée et la nature cruciale de cette COP pour le multilatéralisme climatique dans son ensemble, [c’est] un endroit vraiment effrayant et dangereux où se trouver», a-t-elle déclaré dans une entrevue depuis l’Azerbaïdjan jeudi soir.