L’OBV de la baie Missisquoi réclame une aide gouvernementale accrue

ENVIRONNEMENT. L’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi (OBVBM) comprend mal pourquoi l’enveloppe dédiée à son fonctionnement n’a pas été indexée depuis 2018 malgré les demandes répétées des instances locales et du Regroupement des OBV.

Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les Changements Climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a confirmé ces derniers jours un octroi de 717 750 $ à l’OBVBM (voir article ci-haut) pour les exercices financiers 2024-2025, 2025-2026 et 2026-2027. Il s’agit d’une subvention récurrente, octroyée en vertu d’une convention renouvelée tous les trois ans.

« On nous alloue le même montant depuis 2018 pour la coordination d’une table de concertation, la rédaction d’un plan d’action pour le Plan directeur de l’eau (PDE) et le suivi des objectifs fixés par ce plan. Ce budget statutaire annuel de 239 250 $ est insuffisant pour accomplir notre mandat adéquatement et pour mener à bien des actions concrètes sur le terrain. En connaissez-vous bien des organismes qui réussissent à fonctionner avec le même budget pendant des années sans aucune indexation? », questionne le président de l’OBVBM, Pierre Leduc.

Ce dernier mentionne que l’enveloppe allouée à l’organisme représente en réalité une baisse de 20 % du financement dédié à la coordination de la gestion intégrée et concertée des ressources en eau, un mandat confié aux 40 OBV de la province par le Gouvernement du Québec en vertu la Loi sur l’eau de 2002.

« Les 40 OBV se partagent un budget global de l’ordre de 20 M$, mais le montant alloué peut varier d’un OBV à l’autre en fonction de divers critères », précise M. Leduc.

Contraintes

Le financement statutaire accordé à l’OBVBM par le ministère de l’Environnement couvre tout au plus le salaire annuel de deux employés et les frais fixes liés à la location d’un local.

« Pour remplir notre mandat adéquatement, nous aurions besoin du double du montant alloué, en plus d’une indexation annuelle. Le Regroupement a soumis une telle demande au gouvernement du Québec à quelques reprises déjà et espère une augmentation de l’enveloppe budgétaire dès 2025-2026 », indique M. Leduc.

Le sous-financement de l’OBVBM oblige l’organisme à déposer des demandes de financement externes (auprès des États-Unis notamment) et des demandes de financement à la pièce auprès des autorités gouvernementales pour des projets spécifiques.

« Le Lake Champlain Basin Program (LCBP) nous alloue notamment des fonds depuis huit ans pour défrayer le salaire des employés saisonniers qui font de la sensibilisation et vérifient les embarcations mises à l’eau à la hauteur de Venise-en-Québec dans le but de contrer la prolifération des espèces exotiques envahissantes. Le LCBP nous verse par ailleurs des sommes pour la cartographie par télédétection des sols dégradés, la sensibilisation et la certification de bandes riveraines, la réalisation d’un outil de bilan de masse phosphore et l’accompagnement des producteurs agricoles. La barrière à lamproie, aménagée à l’entrée du ruisseau Aux Morpions voilà une dizaine d’années, a également été financée par les Américains », signale le président de l’organisme.

Surcharge de travail

Le recours à ce type de financement précarise les emplois et représente une charge de travail supplémentaire pour le personnel en place et les administrateurs de l’OBVBM.

« Le manque de financement crée de l’incertitude parmi les membres du personnel. Et quand les employés que nous avons formés sont pleinement fonctionnels, il n’est pas rare de les voir partir pour aller travailler chez des employeurs offrants de meilleures conditions de travail. C’est autant d’expertise qui se perd. Pour conserver du personnel compétent, ça prend une stabilité au niveau de l’emploi et des salaires compétitifs », explique M. Leduc.

L’OBVBM doit par ailleurs recourir aux services d’employés à temps partiel – des retraités par exemple – qui se joignent à l’équipe en qualité de chercheurs associés.

Et ce n’est pourtant pas le travail qui manque!

« Cet été, les cyanobactéries sont apparues à la baie Missisquoi dès le mois de juin et les appels logés par des citoyens inquiets n’ont jamais été aussi nombreux. Il faut dire que la baie Missisquoi est l’endroit au Québec le plus affecté par cette problématique », souligne M. Leduc.

Fort heureusement, l’OBVBM a la chance de pouvoir compter sur un conseil d’administration stable regroupant quatre maires, trois agriculteurs, deux citoyens, deux commerçants et deux représentants d’organismes.

 

Financement de l’OBVBM pour l’exercice 2023-2024

. 239 250 $ Plan directeur de l’eau et suivi des objectifs (MELCCFP)

. 200 000 $ Coordination du plan de réduction du phosphore

. 75 801 $ Protection des habitats de trois espèces à statut précaire (1)

. 24 000 $ Sensibilisation et inspection des embarcations nautiques (LCBP)

. 85 000 $ Cartographie par télédétection des sols dégradés (LCBP)

. 12 623 $ Sensibilisation et certification de bandes riveraines (LCBP)

. 38 932 $ Réalisation d’un outil de bilan de masse phosphore (LCBP)

. 40 774 $ Accompagnement des producteurs agricoles (MAPAQ et LCBP)

. 10 000 $ Contribution financière de la MRC de Brome-Missisquoi

. 10 000 $ Contribution financière de la MRC du Haut-Richelieu

 . 736 380 $ Total du financement statutaire et hors statutaire

(1)   Quatre contributeurs pour ce projet : Environnement et changement climatique Canada, Fondation de la faune, Corridor Appalachien et Fondation du Zoo de Granby