Prochaines élections fédérales: le Parti québécois appellera à voter pour le Bloc
QUÉBEC — Arguant que le «Canada est brisé» et qu’on ne peut pas «s’attendre à mieux avec Pierre Poilievre», le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, appellera les électeurs à voter pour le Bloc québécois (BQ) lors des élections fédérales qui arriveront «plus vite que tard», selon lui.
«Le Bloc permet au Québec de se faire entendre et permet aux indépendantistes de se faire entendre», a-t-il affirmé en point de presse à l’Assemblée nationale mardi matin.
Le chef péquiste en a profité pour féliciter le candidat élu du Bloc dans la partielle LaSalle–Émard–Verdun, Louis-Philippe Sauvé.
Le Bloc a créé la surprise en faisant tomber ce bastion libéral dans la nuit de lundi à mardi. «C’est une victoire des indépendantistes contre toute attente, ce qui fait penser à Jean-Talon, c’est-à-dire des comtés qui n’ont jamais été gagnés par les bleus», a dit M. St-Pierre Plamondon.
Le chef péquiste a vertement critiqué le gouvernement fédéral, affirmant qu’il était «hostile au Québec». «Justin Trudeau, c’est un bilan terrible, mais on ne peut pas s’attendre à mieux avec Pierre Poilievre», a-t-il affirmé.
«À quoi ça sert le Bloc québécois?»
Paul St-Pierre Plamondon a également indiqué que sa relation avec le chef bloquiste Yves-François Blanchet était «excellente». Or, la relation ne semble toutefois pas aussi excellente entre le Bloc et le gouvernement Legault.
Mardi, le ministre des Relations canadiennes, Jean-François Roberge, n’a pas voulu commenter la victoire du Bloc, ajoutant qu’il n’avait pas besoin du parti d’Yves-François Blanchet pour faire passer ses messages à Ottawa. «On passe nos messages directement au gouvernement canadien», a-t-il affirmé en mêlée de presse.
Rappelons que lors du dernier scrutin fédéral de 2021, le premier ministre François Legault avait appuyé le Parti conservateur fédéral, dirigé alors par Erin O’Toole.
Le 20 février dernier, en pleine période de questions, le premier ministre a remis en question l’utilité du Bloc. «À quoi ça sert le Bloc québécois à Ottawa? Ça sert à quoi? Ça sert à quoi?» avait alors tonné M. Legault, en réponse à une question du chef péquiste.
Le mois suivant, c’était au tour d’Yves-François Blanchet de décocher plusieurs flèches à l’endroit du premier ministre québécois, en affirmant que sa stratégie face au fédéral sur l’immigration et pour récupérer l’argent des transferts en santé n’avait pas fonctionné.
«Ni chaud ni froid»
Voulant garder ses distances d’avec Justin Trudeau, le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay, a dit que la défaite des libéraux fédéraux dans le comté historiquement rouge de LaSalle–Émard–Verdun ne lui faisait «ni chaud ni froid».
«Notre marque, notre Coca-Cola classique, c’est le Parti libéral du Québec depuis 157 ans. (…) On est deux entités tout à fait distinctes», a-t-il dit.
«Je vais laisser M. Trudeau gérer son caucus et son propre avenir. S’il a besoin d’aller prendre une marche, ça lui appartient à lui, pas à nous», a pour sa part affirmé la députée libérale Marwah Rizqy.
Pourtant, tous les aspirants chefs libéraux ont eu des liens avec le Parti libéral du Canada à un moment ou un autre.
Denis Coderre est un ancien ministre libéral fédéral. Charles Milliard a été sollicité pour se présenter dans la partielle de LaSalle–Émard–Verdun pour les libéraux de Justin Trudeau.
L’avocat fiscaliste Marc Bélanger et le député provincial de Marguerite-Bourgeoys, Frédéric Beauchemin, ont tous deux été candidats pour le parti fédéral.
L’actuel ministre fédéral des Transports, Pablo Rodriguez, est quant à lui encore en réflexion pour se lancer dans la course à la chefferie.
Québec solidaire est resté circonspect lorsque questionné sur la victoire d’un candidat souverainiste à Ottawa.
«On est toujours content de voir un indépendantiste de plus être élu, peu importe le parlement», a affirmé le chef parlementaire solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, ajoutant que son parti ne prenait pas position au niveau fédéral.