Québec appuie l’électrification du transport scolaire dans Brome-Missisquoi
ÉNERGIE. Le Groupe Léo Viens procédera à l’acquisition de deux autobus scolaires électriques en décembre prochain avec l’appui financier du gouvernement du -Québec. Un premier pas vers l’instauration d’un mode de transport moins polluant dans la MRC de Brome-Missisquoi.
L’électrification des flottes d’autobus scolaires pose tout un défi aux entreprises de transport qui ont jusqu’en 2035 pour se conformer aux exigences gouvernementales.
Depuis novembre 2021, les transporteurs sont tenus de remplacer leurs autobus à combustion en fin de vie par des modèles entièrement électriques en vertu du programme d’électrification du transport scolaire.
Premier véhicule électrique
Le Groupe Léo Viens a fait l’acquisition d’un premier autobus électrique de marque Blue Bird en juin dernier au coût de 355 000 $. Il s’est également doté d’une borne de recharge standard au coût de 11 500 $, installation comprise.
« Le véhicule a maintenant 6000 km au compteur. Celui-ci a dispose d’une autonomie de 120 km en temps normal, mais son autonomie chute à 80 ou 85 km en hiver. On doit donc recharger la batterie au retour de la tournée du matin et répéter l’opération en fin d’-après-midi. Il faut prévoir cinq heures pour une recharge complète », signale Léo Viens, président de Transports scolaires Viens inc. (Farnham), d’Autobus D. L. inc. (Cowansville) et d’Autobus Saint-Césaire ltée (-Saint-Césaire).
La faible autonomie des autobus électriques pourrait obliger les transporteurs à revoir leurs itinéraires et à multiplier le nombre de véhicules sur la route. À l’heure actuelle, aucun véhicule électrique n’est en mesure d’effectuer un trajet de 150 à 300 km par jour.
« On dénombre 10 000 autobus scolaires aujourd’hui au Québec. S’il devient nécessaire d’augmenter leur nombre à 15 000 pour palier à la faible autonome des véhicules électriques, on fera face à un autre problème de taille : le recrutement de la main-d’oeuvre. Il sera à peu impossible de trouver suffisamment de chauffeurs pour les mettre sur la route », renchérit M. Viens.
Le Groupe Léo Viens a présentement recours aux services de 76 employés, incluant 65 chauffeurs, mais n’est pas à l’abri de la pénurie de main-d’œuvre..
« Mon mécano est parfois appelé à prendre la place d’un chauffeur, faute de remplaçants disponibles. En début d’année, j’ai moi-même dû remplacer un répartiteur qui venait de quitter l’entreprise », indique le propriétaire.
Nouvelles acquisitions
M. Viens a commandé deux autres autobus électriques de marque Blue Bird chez le distributeur Girardin, de Drummondville, au coût approximatif de 450 000 $ pièce, en plus de deux bornes de recharge standard. Le premier véhicule est destiné à la division de Farnham et, l’autre, à la division de Cowansville.
« Nous devrions pouvoir en prendre possession en décembre prochain. Il faut savoir que les délais de livraison sont de l’ordre de 12 à 14 mois et que les fournisseurs peinent à répondre à la demande », indique l’homme d’affaires de Farnham.
La famille Viens bénéficiera d’une aide financière gouvernementale de 175 000 $ par autobus et de 7500 $ par borne de recharge.
Et ce n’est qu’un début puisque le transporteur entend acquérir quatre autres véhicules électriques dans une vingtaine de mois.
« Il nous faudra passer la commande dès l’automne prochain pour espérer une livraison à la fin de 2025 », précise M. Viens.
Changements graduels
Le Groupe Viens dispose actuellement d’une flotte de 62 autobus, soit un autobus électrique, 10 au propane, 45 au diesel et 5 à essence (minibus).
« L’électrification de notre flotte de véhicules demandera du temps et des investissements importants. Il faut savoir qu’un autobus électrique coûte trois fois plus cher qu’un autobus au diesel, soit 450 000 $ au lieu de 150 000 $. Et personne n’est en mesure de dire si le montant de la subvention sera revu à la hausse ou à la baisse au cours des prochains mois ou des prochaines années », mentionne M. Viens.
Ce dernier souligne par ailleurs que la recharge d’un autobus électrique consomme beaucoup de courant.
« Certains transporteurs laissent entendre que le coût de l’électricité est pour ainsi dire similaire à celui du diesel. Je n’ai pas été en mesure de vérifier cette affirmation, car notre établissement n’a pas de compteur indépendant pour la borne de recharge actuellement en opération », indique-t-il.
Plusieurs incertitudes
Léo Viens reconnaît que l’électrification du réseau de transport scolaires est un processus complexe et que le temps joue contre les divers acteurs de l’industrie.
« L’échéancier de 2035 approche à grands pas, c’est dans 11 ans ! Pour accélérer le rythme, le gouvernement aurait intérêt à subventionner les autobus des marque Thomas et Inter IC. À l’heure actuelle, seuls les véhicules Blue Bird (du distributeur Girardin) et Lions (du fabricant de Saint-Jérôme) peuvent faire l’objet d’une subvention », indique M. Viens, dont la flotte est constituée à 60 % d’autobus Thomas.
Le choix de l’emplacement des bornes de recharge pourrait également poser problème.
« La plupart des transporteurs ont des autobus en dehors de leur port d’attache. Plusieurs d’entre eux louent notamment des terrains un peu partout pour garer une partie de leurs véhicules. On doit par ailleurs considérer que certains chauffeurs stationnent leur autobus à leur domicile. Or la borne de recharge est subventionnée une fois et n’est pas transférable », explique M. Viens.