L’usine de biométhanisation en fonction dès 2026
ÉNERGIE. L’usine de biométhanisation de Farnham devrait être mise en service dans un intervalle de 30 à 40 mois en vertu d’une entente de partenariat entre la société danoise Nature Energy et le distributeur de gaz naturel Énergir.
Après l’implantation de 13 usines de biométhanisation de taille industrielle au Danemark et d’une autre aux Pays-Bas, Nature Energy lorgne maintenant le marché nord-américain.
Ce pionnier de la transition énergétique prévoit notamment exploiter une dizaine d’installations au Québec et plusieurs autres en Amérique du Nord. « Notre usine de Farnham sera la toute première au Canada. La prochaine devrait être construite en Beauce… et d’autres projets sont déjà sur la table à dessin », indique Jacques Boily, vice-président responsable du développement des affaires chez Nature Energy.
Énergir Développement s’occupera de la construction et du développement des installations de Farnham alors que Nature Energy se chargera de la conception et de l’exploitation de l’usine.
Investissements de 150 M$
Nature Energy a déboursé 2,5 M$, l’année dernière, pour l’acquisition d’un terrain de 10,5 hectares (plus de 1 000 000 pi2) dans le parc industriel de Farnham.
La construction de l’usine de biométhanisation nécessitera des investissements additionnels de 150 M$ à 200 M$ additionnels. Le site du boulevard Industriel sera subdivisé en une vingtaine de petits bâtiments, incluant huit biodigesteurs.
Selon Nature Energy, le recours à des bâtiments de réception à pression négative permettra d’exercer un contrôle serré des odeurs. « Tout le transbordement du fumier et du lisier se fera derrière des portes closes. Des investissements de 10 M$ à 20 M$ sont expressément prévus pour le contrôle des odeurs », signale M. Boily.
La préparation du site et le début de la construction de l’usine sont programmés pour 2024 alors que l’inauguration et la mise en service des installations devraient suivre en 2026.
La réalisation du projet entraînera la création de 200 emplois pendant la phase de construction et une quinzaine d’emplois directs pendant la phase d’exploitation. Le nombre d’emplois permanents dérivés (entretien des véhicules, pièces de rechange, etc.) pourrait s’élever à 70.
Économie circulaire
L’usine de Farnham sera en mesure de traiter les matières organiques résiduelles de 120 à 150 producteurs agricoles de la région. On parle d’environ 715 000 tonnes de fumiers et lisiers d’origine bovine, porcine ou de la volaille qui seront ainsi transformées chaque année en biogaz et en engrais organiques différenciés convenant à la production du soya et à différents autres types de culture.
La biomasse provenant de la production agricole locale sera prélevée dans un rayon de 30 à 40 km autour de Farnham. Les coûts de transport seront pris en charge par Nature Energy.
« Le projet présente plusieurs avantages pour les agriculteurs participants : réduction de leur bilan carbone, gestion gratuite du fumier/lisier, économies en engrais et en frais de transport. Le digestat est un fertilisant de meilleure qualité que le fumier ou le lisier. Il est plus facile à épandre et sans odeur, car le procédé de biométhanisation permet d’éliminer les pathogènes », précise M. Boily.
Ce dernier ajoute que le transport par camion-citerne s’effectuera du lundi au samedi, entre 7 h et 17h. Aucun transport de nuit n’est envisagé. « On parle ici de quelques dizaines de véhicules par jour », indique-t-il.
L’entreprise procédera par ailleurs au lavage des camions entre chaque visite de production agricole afin d’optimiser la biosécurité. « Les camions seront lavés à l’intérieur et l’eau utilisée sera récupérée », poursuit notre interlocuteur.
Un plus pour l’environnement
Le biogaz produit à Farnham sera revendu à la compagnie Énergir en vertu d’une entente à long terme, valide pour une période de 20 ans.
Les nouvelles installations devraient produire 20 millions de mètre cubes de gaz naturel renouvelable (GNR) chaque année. Cela correspond à une réduction de 60 000 tonnes de gaz à effet de serre (GES) ou de 12 000 voitures.
« Le biogaz issu de la biométhanisation remplace le gaz fossile, responsable des fameux GES », explique Jean-François Jaimes, directeur exécutif responsable du développement des énergies renouvelables chez Énergir.
Le gaz naturel renouvelable représente actuellement 2 % du volume distribué par Énergir (1 % en 2022), mais l’entreprise vise un objectif de 10 % d’ici 2030. L’implantation des usines de biométhanisation de Nature Energy en sol québécois devrait l’aider à atteindre cette « ambitieuse cible » de décarbonisation.