Michel Poutré: de producteur laitier à éleveur de pintades

AGRICULTURE. Voilà maintenant 18 ans que Michel Poutré s’adonne à l’élevage de la pintade, dans le rang Kempt, à Sainte-Sabine. Une production agricole encore méconnue du grand public, mais qui fait le régal des amateurs de fine cuisine.

Michel Poutré a vu le jour sur une ferme laitière à Saint-Ignace–de-Stanbridge et a travaillé au sein de l’entreprise familiale jusqu’à l’âge de 60 ans.

« La ferme Félix Poutré & Fils a plus de 110 ans d’ancienneté et est maintenant exploitée par mon frère Richard et son fils Olivier. Il s’agit d’un élevage de vaches laitières d’environ 200 têtes », signale notre interlocuteur.

M. Poutré habite Sainte-Sabine depuis près d’un demi-siècle, soit depuis l’âge de 23 ans, sur une terre agricole de 160 acres acquise par la compagnie Félix Poutré & Fils en 1975.

« J’ai élevé ma famille au 220 du rang Kempt et j’y habite toujours. La terre agricole appartient aux Poutré, mais je n’ai conservé que la maison, la mini-étable et un lopin de 55 000 pi2 », précise-t-il.

Nouveau défi

À 53 ans, Michel Poutré a décidé de relever un nouveau défi en se lançant dans l’élevage d’oiseaux domestiques tout en continuant à travailler pour l’entreprise familiale.

« Je me suis intéressé à ce type de production à la suite d’un curieux hasard. Une personne s’est présentée chez moi et m’a indiqué qu’elle était à la recherche d’un bâtiment pour faire l’élevage du canard. À sa demande, j’ai élevé un premier lot de 600 oiseaux, à titre d’essai, avant de constater que ce n’était pas fait pour moi », raconte notre interlocuteur.

Ce dernier a finalement décidé de tenter sa chance dans l’élevage de la pintade en 2005 après avoir appris qu’il existait une demande au Québec pour ce type de volaille.

« J’ai revendu mon premier lot de 500 oiseaux à un grossiste avant de développer mon propre réseau de clients. J’ai pris le téléphone pour appeler les chefs restaurateurs et leur proposer mes produits tout en leur offrant d’aller livrer sur demande. À l’époque, la pintade était encore méconnue au Québec et les marchés publics étaient à peu près inexistants dans notre région », précise-t-il.

Production annuelle

La Pintade Sabinoise, entreprise fondée par Michel Poutré, produit aujourd’hui deux lots de pintades de chair par an, pour un total de 3500 unités.

« Je débute une production en févier pour livraison à la mi-mai, en prévision de la saison touristique, puis un deuxième production en juillet pour livraison à la fin septembre », explique le propriétaire.

L’entreprise achète ses oiseaux au couvoir de Saint-Germain–de-Grantham. Lors de leur arrivée à Sainte-Sabine, les pintadeaux viennent de sortir de leur coquille et ont à peine une journée d’existence.

Les oisillons sont gardés à haute température (35 degrés Celsius), dans un bâtiment ventilé éclairé par des lumières de 150 watts, durant leurs dix premiers jours d’existence. Ils tolèreront par la suite une température plus modérée (25 degrés Celsius), tout en s’acclimatant graduellement à la noirceur.

« Il faut compter 13 semaines avant d’amener les pintadeaux à maturité. Je m’occupe moi-même de leur capture avec l’aide de trois copains avant de les acheminer à l’abattoir de Saint-Alphonse–de-Granby pour la découpe en poitrines, cuisses ou ailerons », résume l’éleveur de Sainte-Sabine.

Gamme de produits

Les consommateurs et restaurateurs peuvent se procurer des produits frais sur réservation à la Pintade Sabinoise durant les deux semaines suivant l’abattage. Les produits sont par la suite congelés sous vide et restent ainsi disponibles en tout temps. L’entreprise propose également à sa clientèle des mets transformés (terrines, mousse de foie, rillettes et saucisses) qu’elle entrepose dans une chambre de congélation de dix pieds par douze pieds.

« Nous n’avons pas de boutique à la ferme, mais le grand public peut trouver nos produits en tout temps chez ROUGI (intersection rang Kempt et route 135 sud). Nous disposons également d’un kiosque au marché public de Farnham pour la troisième année consécutive », mentionne M. Poutré.

La Pintade Sabinoise approvisionne par ailleurs deux clubs de golf (Cowansville et Saint-Mathieu–de-Beloeil) et une trentaine de restaurants de fine cuisine dans un rayon de 100 km (Château Bromont, Auberge West Brome, Old Mill, etc.).

« Nous sommes le seul producteur de pintades inscrit au répertoire Créateurs de saveurs des Cantons-de-l’Est », poursuit notre interlocuteur.

Ce dernier ajoute que l’oiseau originaire d’Afrique est particulièrement apprécié en France, où il s’abat plus de 53 millions de pintades par an. À titre comparatif, précise M. Poutré, la demande canadienne pour des pintades ne dépasse guère trois millions d’unités.

Selon les plus récentes données disponibles au MAPAQ, on dénombrerait une cinquantaine de producteurs de pintade au Québec. Plusieurs d’entre eux produisent souvent d’autres oiseaux fermiers (canard, oie, caille, autruche, émeu, etc.).