L’entreprise familiale Chaussures LG franchit le cap des 50 ans
ÉCONOMIE. Chaussures LG Ltée fait partie de la courte liste des établissements commerciaux ayant pignon sur rue depuis plus de 50 ans. Une denrée rare à Farnham !
Fils de garagiste, Guy Jodoin a travaillé comme mécanicien au sein de l’entreprise familiale pendant quelques années avant de rencontrer sa conjointe, Lyse St-Martin, une employée de la compagnie Infasco.
« Mon oncle Léopold Beaudry était propriétaire d’une boutique de chaussures, sur la rue Bouthillier à Marieville, et j’ai décidé de suivre ses traces », signale M. Jodoin.
Après son départ de Marieville, le couple s’est établi à Farnham et y a ouvert un magasin de chaussures. C’était en janvier 1972.
« Nous avons loué un petit local de 400 pi2 à l’angle des rues Principale et Meigs. L’immeuble a par la suite abrité la Mercerie Jacques Dubuc, puis Dimension Sport », indique M. Jodoin.
À l’époque, Farnham comptait déjà deux autres détaillants de chaussures. Rock Ménard avait pignon sur la rue Hôtel-de-Ville, et Normand Arcand, opérait un magasin à l’intersection des rues Saint-Pierre et Principale.
« On y dénombrait également trois merceries pour hommes, sept ou huit boutiques de vêtements pour dames, trois ou quatre magasins de meubles. Farnham avait alors la chance de pouvoir compter sur plusieurs employeurs ayant de grands besoins de main-d’oeuvre : le CP, le camp militaire, Domco, Coronet, Collins & Aikman et quelques autres. Il n’y avait pas non plus de centre commercial dans les parages, de sorte que l’achat local allait de soi », ajoute notre interlocuteur.
Étapes décisives
Le couple de commerçants a franchi une nouvelle étape en 1977 en se portant acquéreur de l’ancien édifice de la quincaillerie de Marcel Loiselle, au 65 de la rue Principale Est. Un bâtiment de 1400 pi2 acquis pour la somme de 49 000 $.
« Nous avons investi un montant additionnel de 30 000 $ en 1990 pour la réalisation d’un agrandissement de 600 pi2 à l’arrière du magasin. Quelques années plus tard, nous avons récupéré le logis situé à l’étage afin d’augmenter notre surface d’entreposage », précise Mme Jodoin.
Toujours à l’affût de nouvelles opportunités d’affaires, Chaussures LG s’est lancée dans la vente de chaussures de travail en 1978, puis dans la vente de vêtements pour travailleurs en 1990.
« Les chaussures et vêtements de travail comptent aujourd’hui pour une bonne partie de notre volume d’affaires. Nous avons présentement une cinquantaine de contrats avec des entreprises manufacturières et commerciales de Farnham, Bedford, Ange-Gardien, Saint-Césaire, Rougemont, Iberville et d’ailleurs », résume le propriétaire.
L’adhésion à la bannière Chaussures Pop, en 1986, constitue une autre étape importante dans l’histoire de cette entreprise familiale.
« Nous avons été les cinquièmes membres fondateurs de ce regroupement. La bannière dessert aujourd’hui 90 marchands au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick », indique M. Jodoin.
Habitudes de consommation
Les habitudes de consommation ont passablement évolué au cours des 50 dernières années et les Jodoin sont bien placés pour en témoigner.
« De nos jours, les gens attendent souvent à la dernière minute avant de se procurer de nouvelles chaussures. Le matin de la première neige, on a affaire à être en forme car la clientèle ne dérougit pas. Auparavant, on commençait à vendre des bottes de skidoo dès le mois de septembre », mentionne Mme Jodoin, avec un sourire aux lèvres.
Les mises de côté, très populaires à une certaine époque, ont pratiquement disparu avec la multiplication des cartes de crédit.
L’arrivée des centres commerciaux a également eu une incidence sur les heures de magasinage des petits établissements locaux.
« Pour compétitionner avec les boutiques des grandes surfaces, nous n’avons pas le choix d’ouvrir le dimanche. Ça nous oblige à faire beaucoup plus d’heures, même si en bout de ligne on ne réalise pas nécessairement de ventes additionnelles. Les transactions sont simplement réparties sur un plus grand nombre de jours », explique le commerçant de 74 ans qui travaille toujours sur une base de sept jours/ semaine.
Malgré ses quatre opérations à la hanche, Lyse Jodoin n’a pas beaucoup ralenti elle non plus et travaille encore au magasin cinq jours par semaine.
« Dans les bonnes années, je pouvais passer trois journées debout, à l’extérieur, pour la vente-trottoir. Depuis 2020, la vente-trottoir se déroule à l’intérieur du magasin », précise-t-elle.
L’entreprise peut également compter sur les services de Francine Gauthier, une employée en poste depuis une dizaine d’années, et de Cassandra Delorme, une étudiante de l’école secondaire Jean-Jacques-Bertrand.
Les propriétaires de Chaussures LG n’ont pas de relève et devront tôt ou tard se résigner à vendre leur entreprise.
« Nous avons déjà eu la visite de quatre ou cinq acheteurs, mais il n’est pas facile pour un commerçant de se lancer en affaires et de supporter un inventaire de 600 000 $ », explique M. Jodoin.